Nobles Ensembles, épisode 2 : Le choix

Ce que Christal souhaitait faire plus tôt par amour envers la licorne, le Worj allait le faire pour honorer son seigneur.

Galahad partit soudain d’un rire joyeux.

- à votre place, messire Morgloboth, je ne ferais pas cela. Cette créature n’est pas vraiment humaine… Ne savez-vous donc pas que, là où elle naquit, son sang est sacré, plus sacré que tout. Ne connaissez-vous donc point le pouvoir des vierges de Troy. Cette damoiselle est une enjomineuse. Elle détient une force dont vous n’avez pas même idée. Peut-être même est-elle la princesse de Traülen.

- Parlementer ne te servira à rien, rétorqua Morgloboth. Le temps des ambassadeurs est révolu. Mon seigneur Morbylath n’a que faire de bonimenteurs. Le pouvoir se gagne par la force.

Et ceci affirmé, il entailla le bras de Christal, le pressant pour en faire jaillir le liquide de vie.

Le sang ne coula pas. Ou plutôt, il ne coula pas comme chacun s’y attendait. Il fusa comme un serpent, glissa sur la peau de la jeune fille, s’immisça sous la tunique de toile, remonta entre les seins puis se répandit sur le visage et les paupières fermées. Le masque de sang scintillait.

Surpris et méfiant, Morgloboth laissa tomber sa dague au sol pour brandir aussitôt une lourde épée du Taureau. Il s’apprêtait à frapper Christal, au cou.

Il ne put le faire, car le sang se fit vapeur lumineuse, l’aveuglant. Puis il s’éleva, provoquant la stupeur autant chez les Faraudes que chez Plakto, Obésian, Jason et Myloute. Seul Galahad supporta l’éclat de feu sans rien laisser paraitre.

La lumière irradia. Se multipliant, elle s’éleva haut dans le ciel, jusqu’à masquer le soleil lui-même.

- L’heure du choix est venue, songea Galahad en son for intérieur. La légende se réalise… Puisse la damoiselle ne pas se tromper, sinon, nos contrées seront dévastées et la terre sera ravagée par la guerre.

Le faisceau d’or et d’argent explosa brutalement au dessus de la forêt. Quelques langues évanescentes s’éloignèrent sans que quiconque devinât la direction qu’ils prenaient. Sept revinrent vers la clairière. Trois touchèrent Jason, Myloute et Obésian de plein fouet. Deux effleurèrent Alex le Britan et Plakto. La sixième se perdit dans la chevelure de Galahad.

- Merci, ma Dame, souffla-t-il. En ce jour et pour toujours, ma vie est vôtre.

Quant à la septième, personne ne la discerna lorsqu’elle caressa la nuque de Siross.



Morgloboth recouvra sa vision en cet instant. De sa lourde épée, il frappa Damoiselle Christal. Le métal ne rencontra rien d’autre que le vide.

Les Faraudes se déchainèrent, tranchant à droite et coupant à gauche. Chacun de leurs coups fut esquivé, ou bloqué, entrainant un scintillement étrange. Jason ne reconnaissait pas Obésian tant il était vif. Myloute souriait. Plakto et Alex étaient entrés dans la mêlée, au beau milieu des Faraudes.

Siross se battait seul contre les Worj. Ses pirouettes et sauts n’avaient jamais été aussi légers. Il parait les coups avec une facilité déconcertante.

Seul Galahad restait à l’écart, agenouillé devant une forme de lumière.

Parce qu’aucune attaque n’était mortelle, parce qu’aucun guerrier et aucune guerrière ne souffrait de fatigue, l’affrontement aurait pu durer des heures.



Mais lorsqu’une voix douce s’éleva dans la clairière, les ennemis se figèrent.

- Cette guerre est insensée. Rangez vos armes. Il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu en ce jour. Le sang lorsqu’il est versé n’abreuve rien d’autre que le mal.

La silhouette lumineuse devant laquelle Galahad s’extasiait s’évanouit. D’elle ne resta qu’une jeune fille au port princier.

Sans que quiconque cherchât à l’arrêter, elle se rendit près de la licorne. Sur la chimère elle imposa ses mains.

Et Morylath apparut lentement. Il apparut comme un homme, vêtu d’une armure anthracite, sa chevelure blonde caressant ses puissantes épaules. Ses prunelles jaune vif lançaient des éclairs. Le rictus qui déformait sa bouche illustrait la noirceur de son cœur.

- Soit, princesse de Traülen, dit-il avec arrogance. Vous avez gagné cette bataille… Mais la guerre ne fait que débuter. Mon heure approche ! Votre magie ne pourra me défaire bien longtemps. Et contrairement à vous et aux vôtres, la compassion m’est étrangère.

Tandis que Morbylath reprenait apparence humaine, les Faraudes et les Worjs s’étaient agenouillés. Sur un geste de leur seigneur, tous se levèrent.

- Venez, mes amis, tonna-t-il à leur attention. Une guerre contre des ennemis dignes de notre art nous attend. Les Ji-Esse et leurs vassaux vont goûter à nos lames.

Et tous de le suivre Morbylath.

Seule Christal perçut l’hésitation dans le regard de Siross. Elle lui sourit. Siross leva une main vers le ciel. Peut-être était-ce un adieu respectueux, peut-être simplement l’appel de son compagnon Myjack. Celui-ci fondit sur la clairière et dans la seconde qui suivait, il emportait Soriss. Personne ne discerna les larmes qui coulaient sur les joues du guerrier.





Plakto fut le premier à sortir de sa léthargie.

- Ma dame, dit-il en se présentant à Christal. Je vous fait serment d’allégeance. Je ne vous connais pas, pourtant mon cœur et mon esprit n’auront de cesse que de servir votre but.

Alex de Britan fut presqu’aussi rapide. Myloute et Jason s’approchèrent main dans la main.

Christal. Puis vint Obésian, la démarche ferme mais le visage tourmenté.

- N’aie crainte, murmura la princesse de Traülen, ta liberté d’esprit est le gage de la liberté et la justice pour d’autres. Je ne réclame rien de toi, quand bien même je t’ai choisi.

Galahad fut le dernier à rejoindre la mission. Ses traits dénotaient toujours une admiration sans limite pour la jeune fille qui s’était révélée.

- Pourquoi ce doute en ton âme ? demanda la princesse.

- Je sais ses pouvoirs, je sais la passion du roi de Traülen pour le jeu et la stratégie. Qui êtes vous réellement, ma dame ?

La princesse Christal détourna un instant le regard. Sa peau perdit de ses couleurs et ses yeux se teintèrent d’un jaune aussi vif que celui qui colorait plus tôt les prunelles de Morbylath.

- Tu poses là une question si grave que je ne saurais répondre. Les princes de Traülen eux-mêmes n’ont jamais percé le secret de leur création. Mon père est mort alors qu’il cheminait parmi les Monk (*), cherchant l’origine.

La jeune femme soupira.

- Mon frère Sirseb a disparu lorsque la lune se consumait d’amour pour la nuit, au point de se perdre en elle. Lui aussi était en quête de lui-même.

- Je ne puis te répondre, ne connaissant le secret de mon univers. Les princes de Traülen meurent en dévoilant qui ils sont. Les princesses de Traülen épousent les chevaliers parmi les plus nobles ou se retirent dans les monastères. Seul pour moi compte la quête de la paix. Il me fut ordonné de combattre Morbylath. Je le ferai. Puis je saurai, et je mourrai.

À ces mots, chacun des chevaliers fut envahi d’une profonde langueur.

- Mais avant la mort, reprit Christal, il y a la vie ! Chacun doit vivre, se battre contre l’ennemi et se battre pour le plaisir de perdre et gagner. C’est pour cela que je vous ai choisis. Pour la vie et la mort. Pour la stratégie. Et maintenant, laissez-moi. Dame licorne est gravement blessée. Je me dois d’user de mes pouvoirs. Elle m’a aidée à dévoiler Morbylath. Il est mon devoir de la soigner et de lui confier une part de mon être. Veuillez vous retirer. Mes Nobles.

Trizo,

J'adore cette histoire, Trizo, fais-en un roman complet, je serai la première à le lire ! Mais je crois que là, ça intéresse surtout les membres, et ça fait beaucoup de personnages en quelques pages... ça peut dérouter des lecteurs qui ne nous connaissent pas... je l'ai fait lire à un ami. Qui aime, mais trouve cela un peu confus.
Mais moi, j'adore !

Bravo,

Christèle

Moi j'adore, je n'étais pas là ce soir je n'ai donc pas pu donner mon avis.
Que tu en fasses un roman est un excellente idée.
Et comme tu sais que j'aime la SF, j'en serait je pense le 1er fan.

Continue comme ça, et si tu veux tu peux toujours m'envoyer et je te dirai ce que j'en pense.

Ventrebleu !
Vous rendez vous compte que nous sommes en train d'assister en direct à la naissance d'un roman !
C'est génial !
la suite , vite ! :study: